Un cinéaste rencontre une femme. Par petites touches, il filme avec sa caméra vidéo des moments de leur vie, des objets, des lieux, puis se rend compte qu’il ne stocke pas des souvenirs mais qu’il construit un film. Il demande à la personne l’autorisation de continuer... Après un an de tournage, 75 minutes de vidéo racontent l'histoire d'un lien tissé dans le quotidien et sublimé par le sentiment.
Un homme et une femme se rencontrent. Une histoire d’amour. Une année d’existence partagée. Des objets : une paire de lunettes, une pierre brésilienne, une baleinière miniature, deux montres échangées qui finissent par s’accorder. Des parties du corps : un oeil, un sein, une main, un pied. Des récits : la mort d’un père, un souvenir troublant d’agression, un moment de bonheur dans l’enfance. Et surtout la vie à deux et la présence de l’autre qui s’emmêle à la sienne : la peur de perdre, l’absence et la présence, le désir, les conflits et les résolutions. Pur délice d’un cinéma minimal filmé en Hi-8 qui dresse une cartographie du sentiment amoureux par le biais du fragment, La rencontre dévoile également la transfiguration du regard sous le pouvoir inouï de l’amour. Rappelant Les notes de chevet - œuvre majeure de la littérature japonaise qui se présente à la fois comme un journal et comme une énumération infinie du monde - ce film présente la force d’évocation des objets, amulettes mémorielles qui agissent comme autant de témoignages de nos existences. Journal d’amour construit à quatre mains, quatre yeux et deux bouches, qui communique la grandiosité et l’émoi d’un sentiment naissant.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk.ca
Alain Cavalier est né en 1931 à Vendôme. Après des études d'histoire, il entre à l'Institut des hautes études cinématographiques, puis devient assistant de Louis Malle. Il débute la réalisation en 1958 avec le court métrage Un Américain. Abordant dans ses films des problèmes politiques contemporains, Alain Cavalier rencontre quelques difficultés avec la censure, notamment pour ses deux premiers longs métrages : Le Combat dans l'île (1961) qui tire le portrait d'un fasciste et L'Insoumis (1964) qui met en question la guerre d'Algérie. Après avoir principalement réalisé des fictions, il se dirige vers un cinéma plus expérimental, entre le documentaire et la fiction. Avec Un étrange voyage (1981), Alain Cavalier connaît une consécration que viendra confirmer avec éclat Thérèse (1986), qui obtint le prix du jury à Cannes et six césars l'année de sa sortie. En 2004, il sort Le Filmeur, journal filmé sur plus de dix ans dans lequel il devient l’acteur et le commentateur de sa vie. Il signe ensuite Irène (2009) et Pater (2011). En 2017, il réalise Six portraits XL qui viennent enrichir sa généreuse galerie de portraits initiée trente ans auparavant. En 2019, il réalise Être vivant et le savoir, dans lequel il suit la disparition de son amie, l'auteure Emmanuèle Bernheim.