Mai 68, la belle ouvrage dénonce les brutalités policières au plus proche de l'action. Débutant par le célèbre discours du Général de Gaulle, composé d'entretiens et de témoignages percutants des camps opposés (personnalités du monde politique, intellectuels, artistes et étudiants), le film nous transporte au cœur de l'action, au milieu des barricades et des victimes de la répression.
Le discours discordant du général de Gaulle prononcé à la télévision, empreint de révisionnisme paternaliste. Son gouvernement aurait réussi à maintenir l’ordre dans les rues de Paris, pendant les nuits mouvementées de Mai 68, et ce, en limitant les violences. Vraiment ? Les images et témoignages qui suivront proposent une tout autre version de la situation. En opposition aux conventions de la télévision, les entretiens filmés sont ininterrompus, et la parole s’exprime longuement, librement. Étudiants, ouvriers, acteurs, journalistes et docteurs, tous ont été témoins, ou victimes, des violences excessives et délirantes des CRS (Compagnies républicaines de sécurité). Un documentaire tourné dans l’urgence, au cœur même des événements historiques de Mai 68, afin de consigner la parole et la mémoire des différents intervenants y ayant été impliqués. Cette version restaurée, présentée ici dans son intégralité, est un document d’archives aussi troublant qu’essentiel.
Frédéric Savard
Archiviste et programmateur
Jean-Luc Magneron est un metteur en scène de théâtre et cinéaste français. Né en 1935, il s'engage très jeune dans l’étude des arts du spectacle. Une bourse de mise en scène le conduit aux États-Unis afin de parfaire des études de socio-psychologie et de filmologie. Il fonde ensuite et dirige un temps le Centre International du Théâtre expérimental, et signe de nombreuses mises en scène à Paris, en Algérie et aux États-Unis. Parallèlement, il réalise de nombreux films, s'intéressant dès le début à l'étrange, l'insolite et le sacré. Il travaille longtemps en Afrique, notamment au Gabon où il dirigera un temps la télévision naissante. En 1968, durant les événements de Mai, il réalise Mai 68, la belle ouvrage sélectionné à la première Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1969. Un documentaire rare sur les événements de Mai 68 qu’agrémentent de nombreux témoignages poignants d’inconnus et de célébrités. Sa dernière oeuvre sera consacrée à la recherche des sources et des avatars d’un art martial ésotérique né en Extrême-Orient. Cela donnera un film puissant et étrange: Le Kung Fu Wu Su. Le tournage le conduira partout à travers le globe, un voyage épuisant qui se terminera par sa maladie et par sa disparition.